L’actualité de la semaine: |
Les Echos rendent cette semaine compte du pivot stratégique opéré par BASF : ainsi que le formule son nouveau PDG, Markus Kamieth : « BASF se trouve à un tournant ». Ce qui justifie que dorénavant, le numéro un mondial de la chimie procède à une distinction entre ses activités principales et autonomes. Dans les colonnes du Monde, grâce à un partenariat avec le media d’investigation Lighthouse Report, nous est révélée l’existence de la plate-forme en ligne « Bonus Eventus », laquelle est utilisée par des cadres de l’industrie agrochimique pour surveiller et compiler des informations sur des individus critiques de l’agriculture intensive. Toujours dans le grand quotidien du soir, un article est consacré aux coups de boutoirs dont fait aujourd’hui l’objet le Pacte vert européen, notamment en ce qui concerne la lutte contre la déforestation et l’interdiction des voitures à moteur thermique après 2035. Dans Les Echos, il est question du dernier rapport consacré par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) au captage, au transport et au stockage du CO2. Celui-ci identifie les défis et propose des stratégies pour optimiser la chaîne de valeur du captage et du stockage du carbone (CCUS) en France. Enfin, alors que le Premier ministre Michel Barnier prononçait à l’Assemblée nationale mardi son discours de politique générale, Le Figaro se livre à un compte rendu de ce « Grand oral », exercice périlleux s’il en est dans le contexte de fragmentation politique qui caractérise l’hémicyle issu des dernières élections législatives. |
Dans la presse cette semaine |
BASF |
« Nous sommes convaincus que BASF se trouve à un tournant » : les mots forts du nouveau PDG Markus Kamieth Face à une conjoncture économique difficile et à un environnement sectoriel changeant, BASF, le géant de la chimie allemande, a récemment annoncé une restructuration majeure de ses activités. Dans un communiqué officiel, l’entreprise a déclaré qu’elle opérerait désormais une distinction entre ses activités principales et autonomes, focalisant ses efforts sur les segments de la chimie, des matériaux, des solutions industrielles, et de la nutrition & soins, qui cumulent un chiffre d’affaires de 40,5 milliards d’euros. En parallèle, des divisions telles que celle des catalyseurs et métaux précieux, des matériaux de batteries, des revêtements et des solutions agricoles, représentant 25 milliards d’euros, seront rendues autonomes. Cette stratégie de scission et d’autonomisation de certaines branches pourrait mener à des ventes ou à des introductions en Bourse, comme l’indique la vente déjà programmée de l’activité de revêtement mural au Brésil et la possible mise en bourse des activités agricoles. Ce recentrage stratégique est une réponse aux défis multiples auxquels le secteur est confronté, notamment la baisse de la demande, la concurrence accrue et des coûts énergétiques élevés. Markus Kamieth, le nouveau PDG de BASF, a souligné l’importance de ce pivot stratégique en déclarant : « Nous sommes convaincus que BASF se trouve à un tournant ». Il a également exprimé une vision plus modeste pour l’avenir de l’entreprise : « Ce ne devrait pas être l’objectif de BASF d’être le plus gros [chimiste] au monde ». Ces propos marquent une rupture significative avec le passé industriel de BASF et montrent une volonté de s’adapter de manière agile aux nouvelles réalités économiques et industrielles. L’annonce de BASF s’inscrit dans un contexte plus large de transformations au sein des industries allemandes, avec des entreprises comme Volkswagen et ThyssenKrupp qui révisent également leurs stratégies face à des défis similaires. Ce mouvement de restructuration chez BASF, qui inclut également des réductions de dividendes et des coupes dans les investissements, notamment dans les segments jugés périphériques comme les matériaux de batteries, témoigne de la nécessité pour les géants industriels de revoir leurs modèles économiques pour rester compétitifs sur le marché global. Relayé par Les Echos |
BONUS EVENTUS |
Un vaste système de fichage des opposants aux OGM mis au jour Dans une enquête révélée par Lighthouse Reports et relayée par Le Monde, il a été découvert qu’une plate-forme en ligne nommée « Bonus Eventus » est utilisée par des cadres de l’industrie agrochimique pour surveiller et compiler des informations sur des individus critiques de l’agriculture intensive. Cette base de données contient des détails sur plus de 500 scientifiques, militants écologistes, journalistes et experts des Nations unies, surpassant en ampleur et en détail le controversé « fichier Monsanto » de 2019. Ce registre, opéré sans distinction de nationalité, compile des informations personnelles et professionnelles, parfois fausses ou trompeuses, sur les individus considérés comme menaçants pour les intérêts des grandes corporations agrochimiques. Les détails recueillis incluent des données familiales, des adresses personnelles, des revenus, ainsi que des antécédents judiciaires et des opinions politiques, le tout dans le but de déstabiliser ou discréditer ces personnalités. La plate-forme est gérée par v-Fluence, une entreprise de gestion de réputation dirigée par Jay Byrne, ancien directeur de la communication de Monsanto. L’accès est hautement restreint, réservé à des cadres de l’industrie, des consultants, des lobbyistes et des experts souvent liés à ces industriels. Parmi les cibles, on trouve des scientifiques comme Hilal Elver et Baskut Tuncak, anciens rapporteurs spéciaux de l’ONU, qui ont appelé à un traité international pour réglementer l’usage des pesticides dangereux. Leurs fiches personnelles contiennent des critiques et des informations privées utilisées pour les discréditer. D’autres, comme les critiques culinaires Michael Pollan et Mark Bittman, sont également fichés pour leur soutien à l’agriculture biologique et leurs critiques des pratiques agricoles industrielles. Les fiches sont remplies d’informations souvent extraites de sources douteuses et sont utilisées pour orchestrer des campagnes de dénigrement contre ces individus, sapant leur crédibilité et leur travail. Cette pratique soulève de sérieuses questions éthiques et légales, notamment en ce qui concerne la violation du règlement général de protection des données européen. La révélation de cette surveillance et de ce fichage intensif souligne jusqu’à quel point certaines entreprises sont prêtes à aller pour protéger leurs intérêts, souvent au détriment de la science, de la transparence et de la santé publique. Les implications de telles activités sont profondes, affectant non seulement les individus ciblés mais aussi le débat public et la politique environnementale à l’échelle mondiale. Dévoilé par Le Monde |
PACTE VERT EUROPÉEN |
Les coups de boutoir portés aux engagements environnementaux de l’Union européenne À l’aube de moments cruciaux pour l’avenir du Pacte vert européen, l’Union européenne se trouve à un carrefour décisif pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est confrontée à une pression croissante pour réviser des législations clés adoptées en 2023, notamment celles concernant la lutte contre la déforestation et l’interdiction des voitures à moteur thermique après 2035. Ces décisions pourraient soit renforcer soit affaiblir considérablement l’ensemble du Green Deal européen. La tension politique s’est accrue à mesure que l’on approchait des élections européennes de juin, avec des débats houleux au Parlement européen et une résistance croissante de la droite et de l’extrême droite. Ces forces politiques ont déjà réussi à freiner certaines initiatives, telles que la législation sur la réduction de l’utilisation des pesticides et ont allégé les contraintes environnementales de la politique agricole commune. Le règlement contre la déforestation, qui interdit l’importation et l’exportation de produits issus de terres déforestées, est particulièrement dans le viseur. Ce règlement est menacé par les partis de droite dominants au Parlement européen, au Conseil et à la Commission, qui cherchent à repousser ou diluer ces mesures. Parallèlement, des pays comme l’Allemagne, sous la direction d’Olaf Scholz, sont influencés par des pressions internationales, notamment du Brésil et des États-Unis, pour assouplir ces réglementations. En Italie, la résistance s’organise également contre le règlement qui prévoit l’arrêt de la vente de nouvelles voitures à moteur thermique d’ici 2035, une mesure que le gouvernement de Giorgia Meloni souhaite voir réévaluée plus tôt que prévu. Dans ce contexte complexe, Ursula von der Leyen tente de naviguer prudemment, en privilégiant une approche qui promeut une « transition propre » tout en tentant de préserver la compétitivité européenne. La composition de la prochaine Commission européenne reflète cette tentative d’équilibrage, avec des commissaires issus de divers horizons politiques qui devront collaborer étroitement sur les questions de transition écologique. Cependant, cette stratégie de répartition des responsabilités en matière de transition écologique à travers différents portefeuilles risque de diluer l’impact des politiques environnementales, selon certains observateurs. La capacité de la Commission à promouvoir efficacement une transition écologique tout en gérant les tensions internes et externes sera un indicateur clé de son succès ou de son échec dans la préservation des ambitions du Pacte vert européen. Analysé par Le Monde |
CAPTAGE, TRANSPORT ET STOCKAGE DU CO2 |
Les conclusions de la CRE sur la chaîne de valeur du carbone « Nous avons eu des débats importants, mais les choses ressortent assez clairement : le captage, le transport et le stockage de carbone ne sont pas la panacée universelle, mais c’est un élément important pour atteindre nos objectifs de décarbonation, surtout là où aucune autre technologie accessible n’existe, comme dans l’acier, le ciment ou la chimie », déclare Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), en éclairant les conclusions d’un rapport exhaustif. Ce document, fruit de plusieurs mois de recherches, d’auditions et de visites sur le terrain, identifie les défis et propose des stratégies pour optimiser la chaîne de valeur du captage et du stockage du carbone (CCUS) en France. Le rapport souligne l’importance d’une planification précoce et rigoureuse pour ces projets, nécessitant des investissements conséquents à chaque étape : captage, transport et stockage. La CRE recommande une collaboration étroite entre les acteurs publics et privés et appelle à une coordination au moins continentale, compte tenu des implications internationales. Face aux coûts élevés impliqués, le régulateur français suggère un soutien public accru. Il propose l’instauration de contrats carbone pour différence, calqués sur le modèle des énergies renouvelables, pour aider à couvrir la différence entre le prix actuel du carbone et le coût réel de la réduction des émissions. Le rapport met également en garde contre les risques d’acceptabilité sociale et recommande un grand débat national sur la transition énergétique pour éviter les erreurs passées, telles que celles liées au développement de l’éolien. Cette démarche vise à assurer une compréhension et un soutien publics, en articulant clairement les enjeux tant au niveau national que local. En somme, ce rapport de la CRE constitue une étape cruciale pour structurer l’approche française en matière de CCUS, en mettant en lumière les nécessités d’investissement, de régulation et de soutien public, tout en anticipant les défis de l’acceptabilité et de la coordination internationale. Décrypté par Les Echos |
DISCOURS DE POLITIQUE GÉNÉRALE |
Le Grand oral du Premier ministre Michel Barnier Lors de son discours de politique générale, Michel Barnier, le nouveau Premier ministre français, n’a suscité ni enthousiasme débordant ni rejet catégorique parmi les députés de l’Assemblée nationale, reflétant une réception mitigée à sa présentation. Le discours, marqué par son manque de spectaculaire, semblait surtout orienté vers la prudence et la continuité, visant à établir sa légitimité non pas sur une victoire électorale mais sur sa capacité à unir et à naviguer dans un environnement politique fragmenté. Barnier a souligné la précarité des finances publiques comme un défi majeur, fixant des objectifs de réduction du déficit tout en appelant à une contribution exceptionnelle des grandes entreprises et des citoyens les plus aisés. Sa stratégie inclut également une réforme judicieuse des dépenses publiques et une révision fiscale ciblée. Toutefois, ses propositions ont été accueillies avec une certaine réserve, certains critiques les qualifiant de timorées face aux enjeux actuels. Le Premier ministre a également plaidé pour une nouvelle méthode de gouvernance, insistant sur la réduction du nombre de textes législatifs au profit d’un débat approfondi, et a appelé à un renouveau du dialogue social, notamment en ce qui concerne la réforme des retraites. Il a affirmé que compromis ne signifie pas compromission, cherchant à apaiser les tensions tout en fixant des limites claires sur des sujets sensibles comme le racisme, l’antisémitisme, et les violences faites aux femmes. Sur les questions de sécurité et d’immigration, Barnier a promis des mesures fermes, comme la réduction des délais de jugement et l’augmentation des capacités carcérales, tout en affirmant que l’immigration doit être abordée avec lucidité et pragmatisme. En dépit de ses efforts pour présenter un programme équilibré et rassurant, les réactions des différents partis politiques ont varié, allant du soutien prudent à la critique ouverte, illustrant la complexité de gouverner avec une Assemblée profondément divisée. Les prochains mois révéleront si Michel Barnier réussira à concrétiser ses intentions en actions efficaces tout en maintenant l’équilibre fragile du paysage politique français. Compte rendu publié par Le Figaro |