Newsletter d’actualité médiatique hebdomadaire du 23 février 2024

23 février 2024

L’actualité de la semaine:
 Les Echos nous relaient cette semaine les propos bien peu flatteurs tenus par Robert Habeck et Chtistian Lindner, respectivement ministre de l’Economie et ministre des Finances du gouvernement allemand, le 14 février dernier lors d’un débat organisé à Leipzig, au sujet de leur économie nationale. Le premier n’a pas hésité à employer l’adjectif de « dramatique » pour la qualifier, tandis que le second l’a jugée « dangereuse sur le plan social ». D’après le bureau d’études Trendeo, la France est « sur une pente descendante » en termes d’emploi et d’investissement, nous rapporte le quotidien libéral L’Opinion. Dans les colonnes du Figaro, on peut lire la longue analyse du directeur général de Renault, Luca de Meo, sur le marché automobile et la stratégie de son groupe. Toujours au sujet de la marque au Losange, Le Monde s’intéresse à son usine historique de Flins, dans les Yvelines, désormais dédiée au reconditionnement de véhicules d’occasion envoyés par ses concessionnaires et revendus sous la marque de seconde main du groupe : Renew. Enfin, dans les Echos, nous sont présentées les premières conclusions de la « stratégie emplois et compétences » du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) : l’organisme gouvernemental y évalue que la transition écologique devrait générer quelque 150 000 emplois à l’horizon 2030. Il met par ailleurs en garde sur le fait que ce solde favorable « masquerait néanmoins des reconfigurations profondes entre secteurs ». 
Dans la presse cette semaine
 ÉCONOMIE ALLEMANDE 
 « Dramatique » et « dangereuse sur le plan social » : la sombre analyse du gouvernement allemand sur son économie C’est en des termes bien peu flatteurs que Robert Habeck et Chtistian Lindner, respectivement ministre de l’Economie et ministre des Finances du gouvernement allemand, se sont exprimés le 14 février dernier au sujet de leur économie nationale. Lors d’un débat organisé à Leipzig, le premier n’a pas hésité à employer l’adjectif de « dramatique » pour la qualifier, tandis que le second l’a jugée « dangereuse sur le plan social ». Il faut dire que l’Allemagne fait aujourd’hui face à une triple exposition qui, selon Robert Habeck, constitue les éléments d’une situation « dramatiquement mauvaise » pouvant avoir « l’effet d’une bombe » : la hausse des dépenses militaires (elles doivent atteindre les 100 milliards d’euros annuels), lerenchérissement de l’énergie, et la conjoncture chinoise à laquelle sont particulièrement exposés les exportateurs allemands. Les secteurs clés de l’économie allemande font face aujourd’hui à une déferlante d’annonces de plans de licenciements, avec notamment la chimie, au sommet de la chaîne de valeur, qui a vu son fleuron national BASF se résoudre à fermer une part de sa production. Dansl’automobile, les équipementiers ContinentalZF, et Bosch ont chacun fait part desuppressions d’emplois en Allemagne. Dans l’électroménagerMiele a annoncé de façon retentissante qu’il envisageait désormais de construire ses machines à laver enPologne. Expert du Boston Consulting Group, Jochen Schönfelder a livré pour le magazine « WirtschaftsWoche » son analyse d’un « bouleversement structurel, presque tectonique ». De concert sur le constat, les ministres allemands de l’Economie et des Finances divergent quant aux conséquences à en tirer : l’écologiste Robert Habeck insiste sur la nécessité de réviser la disposition constitutionnelle relative au « frein à la dette », tandis que son homologue libéral Christian Lindner plaide de son côté pour un allégement de la bureaucratie qui bride les entreprises dans leurs velléités d’investir. Relayé par Les Echos 
 INDUSTRIE FRANÇAISE 
 Création d’emplois et d’usines : la France est « sur la pente descendante », selon Trendeo D’après le bureau d’études Trendeo, la France est « sur une pente descendante »en termes d’emploi et d’investissement, et les premières semaines de 2024confirment cette tendance à la baisse observée en 2023. Côté emploi, le nombre de postes crées a diminué – 81 147 emplois nets crées en 2023 contre 121 541 en 2022-, en raison de plusieurs facteurs, dont l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et lechangement des modes de consommation. Si le solde reste « positif », certainsdomaines ont été « complètement sinistrés », comme les chaines commerciales decentre-ville et le numérique. Le 19 février, l’équipementier Forvia a d’ailleurs annoncé la suppression de 10 000 postes en Europe, y compris en France, d’ici 2028, ce qui témoigne des difficultés de l’industrie. Concernant les investissements, l’an dernier, l’Hexagone a affiché un solde net de 31 créations d’usines, contre 85 en 2022 et 125 en 2021. Les fermetures, elles, ont augmenté de 47% en 2023. « Avec le même rythme d’évolution des créations et des suppressions, le solde 2024 deviendrait négatif », alerte Trendeo. Parmi les secteurs ayant le plus souffert en 2023 figurentl’alimentaire et l’automobile. Ce dernier, en pleine transition vers l’électrique, aperdu six usines en net. En revanche, d’autres secteurs industriels, commel’informatiquel’électronique, le solaire et les batteries, se portent mieux. Néanmoins, alors que la France et l’Europe font face aux vastes plans de relance industrielle aux Etats-Unis et à la concurrence chinoise, il est nécessaire de continuer à encourager l’investissement sur le Vieux continent afin d’en éviter le « décrochage ».
Paru dans L’Opinion 
 RENAULT 
 Plaidoyer de Luca de Meo pour l’agilité et l’orientation vers l’innovation Dans un entretien accordé au Figaro, le directeur général de Renault depuis l’été 2020, Luca de Meo, livre son analyse du marché automobile et justifie la stratégie adoptée par son groupe. Interrogé sur le manque de vigueur du marché des véhicules électriques, il tempère en affirmant que « le monde est un peu trop impatient avec l’électrique. Analystes et médias ont tendance à perdre la vision à long terme» Avant de scander « décarboner le transport, c’est bon pour l’environnement, pour nos enfants… Les études le prouvent : sur l’ensemble du cycle de vie des véhicules, l’électrique a un meilleur bilan que le moteur à combustion. » Dans la perspective du bannissement des véhicules neufs thermiques dans l’Union européenne à l’horizon 2035, Luca de Meo commence par rappeler que c’est d’abord laréglementation Corporate Average Fuel Economy (Cafe), avec ses exigences normatives très relevées (moins de 100 g de CO2 par km en 2025 en moyenne et environ 50 g par km en 2030 alors que « le meilleur moteur à combustion hybride émet 80 g par km »), qui impose à son groupe une électrification de son mix. Or, Renault a « le meilleur mix d’Europe », se targue-t-il. Au sujet de la concurrence exacerbéequ’amènent aujourd’hui les constructeurs chinois sur le marché européen, le directeur général de la firme au losange concède : « Les constructeurs chinois sont très forts : ils ont une génération d’avance grâce notamment à leur stratégie à 360 degrés. » Constatant « qu’on ne pourra pas renoncer à une forme de collaboration avec cet écosystème », il appelle sans ambages à « nouer des deals avec ces acteurs chinois, comme nous l’avons fait avec Geely et Envision pour les batteries, et se demander ce que la Chine peut apporter à l’Europe dans la décarbonation du transport. » À la question de savoir si son groupe, avec 2,2 millions de véhicules écoulés l’année dernière et une capitalisation avoisinant les 11 milliards d’euros, ne serait pas exposé aux appétits capitalistiques d’un autre constructeur, il expose son sentiment : « dans l’automobile, la taille est une condition qui reste nécessaire, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit suffisante aujourd’hui. » Ce qu’il étaye par cet exemple : « sur le papier, Tesla pourrait racheter Volkswagen ou Stellantis : il en a les moyens. Pourquoi ne le fait-il pas? Sûrement parce que ce n’est pas si simple ni peut-être si intéressant ! » Au sujet du renoncement de son groupe à introduire en bourse sa filiale dédiée à l’électrique et au softwareAmpere, Luca de Meo le justifie par les liquidités que le groupe est parvenu à dégager ces deux dernières années (2 milliards en 2022 et 3 milliards en 2023), lesquelles devraient lui permettre de réaliser les investissements nécessaires. Il rappelle ensuite les engagements financiersmaintenus des partenaires du projet : 600 millions d’euros pour Nissan et 200 millions de Mitsubishi, alors que des discussions sont toujours en cours avec le fabricant de puces Qualcomm. En guise de conclusion, Luca de Meo se fait le chantre d’un « standard pour l’Europe en matière de software automobile (SDV) »Propos recueillis par Le Figaro 
 RENEW 
 Renault mise sur le reconditionnement à Flins Renault consacre désormais son usine historique de Flins, dans les Yvelines, aureconditionnement de véhicules d’occasion envoyés par ses concessionnaires et revendus sous la marque de seconde main du groupe, Renew, ainsi qu’à laréparation de voitures accidentées, de robots usés, de moteurs et de leurs pièces. Ces activités emploient aujourd’hui 1 500 personnes – un chiffre qui pourrait monter à 3 000 d’ici 2030, selon Stéphane Radut, responsable du site, appelé « Renew Factory »ou « Refactory ». Le directeur général de Renault, Luca de Meo, soutient cette évolution et a regroupé les activités de l’entreprise liées à l’économie circulaire dans la filiale « The Future is Neutral », dont le capital pourrait être ouvert à des partenaires. La nouvelle loi anti-gaspillage française, qui rend les constructeurs responsables de la fin de vie de leurs voitures, renforce d’ailleurs la légitimité de ce projet. De plus, le site de Filins accueille un campus d’excellence spécialisé dans l’économie circulaire et organise des concours de start-ups travaillant dans ce domaine. Toutefois, malgré ces efforts, les syndicats ont exprimé des craintes sur lemaintien des emplois dans l’usine. Le reconditionnement a le vent en poupe dans l’industrie automobile. A titre d’exemple, en novembre 2023Stellantis a annoncé la création de son hub d’économie circulaire Sustainera à Mirafiori (Italie). Le groupe a investi 40 millions d’euros dans cet espace, où travailleront 550 personnes d’ici 2025. Les équipementiers se tournent aussi vers l’économie circulaire. Mino Yamamoto, directrice de l’économie circulaire chez Valeo, précise que son entreprise reconditionne des pièces « déjà depuis quarante ans, en France ou en Pologne. On en remet sur le marché 1 million par an, et notre objectif est de doubler à l’horizon 2030. »

Source : Le Monde 
 STRATÉGIE EMPLOIS ET COMPÉTENCES 
 Le SGPE   Placé sous l’autorité du Premier ministre, le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) vient de délivrer une première mouture de sa « stratégie emplois et compétences », dans laquelle il évalue les conséquences en termes d’emplois de la transition écologique. Celles-ci s’avèreraient plutôt positives puisque c’est unsolde de 150 000 créations nettes d’emplois à l’horizon 2030 que l’organisme anticipe. Dans le détail, sur les 8 millions d’emplois (équivalent temps plein) actuels concernés, le SGPE estime que la transition écologique va en détruire quelque 250 000, alors que 400 000 postes devraient en parallèle être créés. Il met en garde sur le fait que ce solde favorable « masquerait néanmoins des reconfigurations profondes entre secteurs ». L’industrie automobile et le fret routier devraient ainsiperdre respectivement de l’ordre de 60 000 et 40 000 emplois, ce qui s’explique par le fait les véhicules électriques nécessiteront moins de main d’œuvre que leurs équivalents thermiques, et que devraient être substituées au fret routier des mobilités plus vertueuses sur le plan environnemental, à l’instar du train. A contrario, larénovation thermique des bâtiments devrait générer un gisement évalué à 210 000 emplois. Environ 75 000 postes devraient par ailleurs voir le jour avec le recours croissant à l’électrification et aux bioénergies. Pour autant, le SGPE alerte sur le fait que nombre de ces emplois pourront s’avérer malaisés à pourvoir, ce en raison d’obstacles tels que la déperdition entre la formation initiale et l’accès au marché du travail, les difficultés sur le plan du renouvellement générationnel, ou encore le manque d’attractivité de certains emplois. En sa qualité de directeur général du Shift Project, Matthieu Auzanneau s’est livré à ce commentaire : « nous saluons ce travail, que nous avions appelé de nos vœux. Mais en pointant ces freins, le SGPE montre aussi la nécessité d’une rupture historique et d’une transformation économique digne de l’effort d’après-guerre ! » Rapporté par Les Echos